Pédocriminalité dans l’Eglise : 216 000 personnes ont été victimes de clercs ou de religieux depuis 1950

La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (CIASE) a remis ce mardi 5 octobre son rapport. Des conclusions accablantes qui estiment à 216 000 le nombre de victimes mineures de clercs et de religieux depuis 1950.
La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) est une instance indépendante et pluridisciplinaire créée par la Conférence des évêques de France (CEF) et la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref). Confiée à Jean-Marc Sauvé elle est chargée de « faire la lumière sur les abus sexuels sur mineurs et personnes vulnérables dans l’Eglise catholique depuis 1950 ».
Ce mardi 5 octobre, le rapport final de la commission a été présenté par le président de la commission Jean-Marc Sauvé lors d’une réunion qui a été retransmise sur plusieurs plateformes, dont la page Facebook de la CIASE.
Le rapport Sauvé constitué de 485 pages avec plus de 2 500 pages d’annexe évoque des chiffres accablants. Il révèle que 216 000 mineurs ont été abusés par des clercs et des religieux dans l’hexagone entre 1950 et 2020. Un chiffre qui grimpe à « 330 000 si l’on ajoute les agresseurs laïcs travaillant dans les institutions de l’Eglise catholique » ajoute Jean-Marc Sauvé.
Une réalité qui a longtemps été ignorée par l’Eglise comme le souligne le président de la commission en affirmant que l’Eglise catholique a manifesté « jusqu’au début des années 2000 une indifférence profonde, et même cruelle à l’égard des victimes ».
Jean-Marc Sauvé a également indiqué que les violences sexuelles sont « significativement » plus importantes dans les milieux ecclésiaux que dans tous les autres cercles. Il a aussi rappelé qu’il faut « se départir de l’idée que les violences sexuelles dans l’Église catholique ont été complètement éradiquées ».
Il a déclaré passer maintenant « le témoin à l’Eglise » ainsi qu’à la « commission indépendante sur les violences sexuelles et l’inceste ». Il a ensuite adressé un message de « gratitude » aux victimes, celles qui ont parlé « sans qui rien n’aurait pu se faire » et celles qu’ils n’ont pas pu rencontrer, « ce sont incontestablement les plus souffrantes, et c’est par elles que je veux terminer ».
Le président de la CIASE conclut son discours par un message d’attente et d’espoir.
« Notre espérance ne peut pas et ne sera pas détruite et l’église peut et doit faire tout ce qui est nécessaire pour rétablir ce qui a été abimé et reconstruire ce qui a été brisé. »
Pour l’avenir, la commission propose une liste de 45 recommandations dans lesquelles elle exhorte l’institution catholique à prendre ses responsabilités de manière individuelle et systémique et à repenser son organisation.
Mgr de Moulins-Beaufort, président de la CEF et sœur Véronique Margron, présidente de la Corref, ont chacun leur tour pris la parole pour exprimer leur tristesse et leur désarroi face à ces conclusions.
« Votre rapport est rude, il est sévère » a déclaré Mgr de Moulins-Beaufort, qui a ajouté avoir entendu à travers le compte rendu de Jean-Marc Sauvé et des différentes prises de parole, « la voix des personnes victimes » ainsi que « leur nombre ». « Leurs voix nous bouleversent, leur nombre nous accable ».
« Monsieur le président peut-on bien recevoir un désastre ? Que dire, sinon avant tout éprouver un infini chagrin, une honte charnelle, une indignation absolue. » C’est par ces mots et avec émotion que sœur Véronique Margron a débuté sa prise de parole.
« On ne va jusqu’à l’espérance qu’à travers la vérité. C’est la où mon église, la vie religieuse dans notre église se trouve, c’est là où nous sommes » a-t-elle conclu.
Camille Westphal Perrier
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Article initialement publié en octobre 2021.